Bien que nous souhaitions vivre la quiétude et une vie sans stress, des difficultés nous arrivent régulièrement tout de même. Pourquoi rencontrons-nous tant de situations qui nous mettent mal à l’aise et qui ont tendance à se reproduire automatiquement ? Pourquoi agit-on toujours de la même manière, peut-on se libérer de cette spirale négative ? Qu’avons-nous à apprendre de cela ?

J’ai souvent pensé que nous étions capables d’avancer avec légèreté dans la vie et d’oublier les souffrances accumulées, de « faire avec ». Mais non, nous sommes souvent rattrapés : tout ce qui est vécu sans être compris ou tout simplement accepté, reste présent en nous et nos souffrances du passé se retrouvent alors comme agglomérées dans une partie de notre être. Je parle ici du « corps de souffrance » en utilisant les mots d’Eckart Tolle, mais on pourrait aussi parler aussi de saboteur, un terme plus connu pour certains. Je connais parfaitement le sujet… puisque le mien a guidé la première partie de ma vie avant que je décide de m’arrêter, de m’observer et de re-devenir « le capitaine de mon bateau » comme je dis souvent.

En fait, de quoi parlons-nous ici ?

De la partie de nous qui est accroc au chagrin et à la souffrance, celle qui nous empêche d’être.
Elle est très reliée à l’ego et c’est sa version négative.

Pour l’illustrer, c’est comme si ce corps de souffrance ou ce saboteur était un ballon de baudruche que l’on a en permanence au coin des yeux et qui, selon les émotions vécues dans notre journée, se gonfle plus ou moins. Il transforme ainsi la perception de la réalité, dénature les faits et agit alors comme un masque nous empêchant de voir les faits tels qu’ils sont. Ainsi, si on a ressenti par le passé des émotions nommées colère, injustice ou autre, lorsque l’on va revivre une situation où le ressenti est similaire, notre ego qui ne connait pas le moment présent mais que le passé ou le futur, va alors réactiver instantanément ces mémoires, amplifier notre corps de souffrance ou notre saboteur, pour nous éviter de voir les faits tels qu’ils sont, en nous obligeant à les regarder à travers lui. Les mémoires anciennes et sensibles du passé sont instantanément réactivées et nous voilà condamnés à agir dans une spirale infernale, en étant comme enfermé dans un sentiment de mal-être, de souffrance.

Nous avons tous en nous un saboteur, un corps de souffrance plus ou moins actif. C’est une entité vivante qui ne cherche qu’à être activée. Notre ego va parfois même créer des situations pour qu’il puisse s’inviter… Tout est très négatif en lui. Il peut surgir dans nos journées à la seconde où une émotion se présente, qu’elle naisse d’un son, d’un parfum, d’un mot, d’une image ou encore d’une perception. Il peut prendre des formes plus ou moins importantes, voire même être omniprésent. Tant que nous ne l’avons pas identifié, et mis à distance juste en l’observant, ce corps de souffrance va nous guider chaque journée au gré de nos émotions, qu’elles soient réelles ou non, en émettant des pensées qui le réactive.

Il fait savoir qu’il fait partie intégrante de nous dès notre conception. Dès la grossesse, le fœtus intègre des informations, des ressentis des parents et de son entourage. C’est ce qui explique que certains enfants ont déjà très petits des corps de souffrance très développés. Il est d’ailleurs intéressant d’expliquer aux plus jeunes ce mécanisme, pour qu’ils apprennent à décrypter très tôt ce développement. Amusez-vous si vous avez des enfants, quand vous le ressentez, de leur dire les choses simplement : « Je dois te dire que là, je suis avec mon « ballon » (ou donnez-lui un nom amusant) et donc ce n’est pas complètement moi qui te parle mais moi à travers lui ! ». Et à nouveau, tout comme pour l’ego, en le reconnaissant, en le nommant, il perdra de sa puissance et n’obtiendra pas les effets désirés. En réciprocité, donnez la possibilité aux enfants de verbaliser aussi leur émotion. « Là je ressens de la colère, mais ce n’est pas moi maman qui parle…c’est comme si c’était le ballon qui voulait prendre de la place en moi ». Ce partage entre vous va mettre de la distance par rapport aux émotions et comprendre que vos propos et attitudes à chacun dans ces cas précis, ne reflètent pas votre état d’être, mais qu’ils font suite à vos corps de souffrance ou saboteurs réactivés. Peu d’entre nous ont eu des enfances sans conflits ni blessures. Dès que nous faisons un travail d’observation de soi, nous plongeons dans notre enfance et faisons ressurgir des souvenirs dont certains font mal.

Il est surprenant de voir combien des situations d’aujourd’hui, personnelles ou professionnelles, nous renvoient à des séquences de notre enfance et à des blessures qu’on croyait oubliés où derrière nous.

Que faire pour lâcher ce passé et libérer tout notre potentiel ?
Que faire d’une colère qui s’emballe, d’une peur qui nous terrasse ou d’une culpabilité qui nous travaille ?
Comment trouver un juste équilibre pour cesser de subir nos émotions sans pour autant les nier ?

Je reçois de nombreuses personnes en consultation, qui me parlent de leurs émotions comme si elles faisaient partie intégrante de leur être, comme si elles parlaient d’une caractéristique comme une couleur de cheveux ou d’une physionomie. « Je ne me maitrise plus, je suis colérique ! » ou encore, « A chaque fois, c’est pareil, au bureau, je culpabilise quand je prends du temps pour moi ». En prononçant ces mots, que se passe-t-il ? La spirale se met en place et la personne est dans son émotion, sous sa coupe qui devient son identité. Pour sortir de ce que je qualifie d’impasse émotionnelle (car cela amène du déséquilibre et non de la sérénité), le fait de revenir simplement à une réalité objective apporte bien souvent un apaisement. Revenir aux faits, que l’on décrit le plus possible de manière neutre, redonne à chacun tout son pouvoir.

Illustrons cela à travers deux situations vécues dans un quotidien particulier : « Il m’avait promis, mais il ne m’a pas téléphoné » ou « Je devais parler en premier et on ne m’a pas donné la parole dans cette réunion ». Là ce sont des faits, simples et neutres. Certes regrettables pour les individus concernés mais où est alors le problème ? Surement pas dans leur existence, car ce sont des faits, rien de plus. Le dysfonctionnement nait dans l’émotion posée sur ces faits par les personnes qui les vivent. En soit, ne pas avoir reçu l’appel téléphonique prévu, sauf urgence ce qui n’est pas le cas ici, n’est pas un trouble.
C’est le ressenti généré qui devient un problème et tout ce que le mental, l’ego, le saboteur va dérouler pour entretenir ce sentiment de souffrance : « il ne pense pas à moi, il m’avait promis, il est comme tous les autres donc je ne mérite pas d’être heureux.se, … ». La suite, vous connaissez parfaitement… ! Idem pour la réunion professionnelle : « C’est toujours pareil, on ne m’écoute pas, je n’existe pas, je n’ai pas ma place dans cette entreprise et de toutes les façons je ne vaux rien, … »

Alors pour cesser de subir vos émotions, comment faire ?

Essayez déjà de vous recentrer en vous observant et pour cela respirez !
C’est simple et cela permet très vite le retour à un autre état d’être ; à une lucidité perdue pour sentir la reconnexion à soi, à ses valeurs profondes, à sa quiétude intérieure. Ensuite, je vous propose de vous mettre à distance de vos émotions négatives et de les vivre comme n’étant pas ce que vous êtes. Cela passe par une verbalisation différente. Au lieu de dire « je suis en colère », préférez « il y a de la colère en moi. Il a de la tristesse en moi mais je ne suis pas triste ».
Rendez en parallèle à vos interlocuteurs la responsabilité de leurs actes et de leurs conséquences ! 
Positionnez-vous dans votre verticalité, en étant responsable uniquement de vous, c’est ce que l’on partage dans la méthode ESSAÊ METC créée par Lise Bourbeau. C’est comme si vous deveniez un observant de la situation, en vous imaginant placé sur le toit de votre maison ou bureau. Alors là, vous allez retrouver une autre lecture de la situation, plus juste, moins dans l’émotionnel. C’est cela vivre le moment présent et là l’ego n’a pas de pouvoir sur vous.
Depuis que j’expérimente cet outil au quotidien, le déséquilibre reste moins de temps, parfois même il disparait en quelques secondes : l’émotion arrive logiquement mais elle passe car elle est sans énergie.

Enfin, il vous reste à découvrir derrière vos émotions qu’elle est votre véritable besoin d’être.
L’émotion prend alors du sens pour vous reconnecter à votre essentiel. Et notre ballon de baudruche vous fera un beau clin d’œil !

La formation professionnelle de l’Institut ESSAÊ « Apprendre à gérer ses émotions dans toutes circonstances », troisième jour du cycle inédit vous donnent ces clés pour réussir à découvrir vos besoins.

Jean Louis Raphaël Mersch, cofondateur de l’Institut ESSAÊ