Comment se libérer de ses émotions toxiques pour mieux communiquer ?
Pour bien communiquer, nous devons nous rappeler ce qu’est la communication.
Selon le Petit Robert, communiquer signifie « être en relation ».
La communication est une relation d’influence réciproque entre individus, car elle se compose de deux facettes : la transmission et la réception.
Nous transmettons de l’information par la parole lorsque nous partageons ce que nous vivons ou ce que nous désirons. Nous recevons de l’information par l’écoute. Par conséquent, l’écoute s’avère aussi importante dans l’art de communiquer que la capacité de parler. Il est aussi important de savoir transmettre son message que de savoir recevoir celui de l’autre. Certaines personnes éprouvent plutôt de la difficulté à communiquer leurs sentiments ou à faire leurs demandes clairement et d’autres personnes ont plus de problèmes à bien écouter.
Et vous, savez-vous quelles sont vos forces et vos faiblesses ?
Je vous suggère de vérifier avec vos proches pour savoir si, selon eux, vous avez plus de facilité à parler qu’à écouter. La plupart des gens ne se connaissent pas assez. C’est toujours une bonne idée de vérifier avec ceux qui nous connaissent bien. La réponse que nous recevons n’est pas toujours à notre goût, mais cette habitude de vérifier avec d’autres se veut un excellent exercice pour diminuer notre ego.
De plus, il est très important de nous rappeler que la communication ne se fait pas seulement avec la parole et l’écoute. Nous communiquons tous d’une façon verbale et non-verbale. La communication verbale comprend les mots et le ton utilisés, le timbre et les intonations de la voix, etc. La communication non-verbale comprend le regard, l’expression du visage, les gestes, les mouvements du corps, l’apparence, etc.
Les statistiques nous disent que les mots ne comptent que pour 7 % de la communication, la voix pour 38 % et le non-verbal pour 55 %. Vous avez sûrement vécu l’expérience d’entendre une personne dans un état de colère vous dire : « Fais ce que tu veux, ça ne me dérange pas » et vous saviez tout de suite par son non-verbal que ce qu’elle vous disait n’exprimait pas ce qui se vivait en elle. Ne vous leurrez donc pas avec les mots que vous utilisez, car nous communiquons davantage avec le non-verbal.
Pourquoi est-ce donc si difficile de bien communiquer ? Nous savons tous que la mauvaise communication est à la base de la majorité de nos problèmes, autant personnels que professionnels. Regardons ensemble à quel point les blessures de l’âme nous empêchent de transmettre ou de recevoir de l’information.
Ces blessures sont au nombre de cinq : REJET, ABANDON, HUMILIATION, TRAHISON et INJUSTICE. Elles englobent toutes les émotions ou les croyances toxiques qui nous habitent. Souvenons-nous que lorsque l’humain ne vit aucune peur, qu’il est lui-même, il communique très facilement. Chacune des difficultés vécues survient lorsqu’une de nos blessures est activée et qu’elle prend le dessus sur nous. Alors, nous ne sommes plus nous-même. Toutes ces blessures sont vécues à des degrés divers et avec des personnes différentes. Voilà pourquoi nous ne communiquons pas de la même façon avec les personnes qui nous entourent.
Commençons avec les difficultés de transmettre, c’est-à-dire d’exprimer ce que nous ressentons ou de faire des demandes claires et précises.
Lorsque votre blessure de REJET est activée, vous devenez très vague ou décousu dans votre façon de vous exprimer. Votre voix devient encore plus faible. Il est alors très difficile pour l’autre de savoir ce que vous voulez dire au juste. À moins que l’autre ait la capacité de vous poser plusieurs questions pour éclaircir ce que vous dites, votre demande ou ce que vous voulez exprimer ne sera pas compris. Cette blessure vous fait aussi vous sauver et vous empêche même de parler. Vous aimeriez que l’autre devine ce que vous vivez ou ce que vous voulez.
Quand votre blessure d’ABANDON s’éveille, vous vous plaignez facilement : ce qui a le don d’exaspérer l’autre. Votre ton pleurnichard est souvent accompagné du timbre de voix d’un enfant. Vous êtes un spécialiste pour faire vos demandes, mais vous les faites en vous plaignant. Lorsque vous exprimez ce que vous vivez, ce que vous ressentez, vous êtes porté à dramatiser et à donner beaucoup de détails, ce qui peut aussi rendre l’autre impatient.
Lorsque votre blessure d’HUMILIATION est déclenchée, vous voulez tellement aider l’autre personne que vous prenez une voix douce comme si vous vous adressiez à un enfant. Vous êtes spécialiste pour avoir l’air calme quand l’autre sait que vous êtes énervé ou en colère. Vous avez beaucoup de difficulté à faire vos demandes car vous croyez que les autres vont deviner ce que vous voulez, comme vous aimez bien le faire pour les autres.
Quand votre blessure de TRAHISON s’active, vous avez de la difficulté à être précis dans vos demandes, car vous vous attendez à ce que l’autre comprenne très vite. Vous vous impatientez trop vite et manquez de tolérance, ce qui rend une communication harmonieuse très difficile. Vous parlez rapidement et sautez facilement d’un sujet à l’autre, rendant ainsi l’écoute difficile pour l’autre. Vous êtes porté à hausser le ton. Vous croyez qu’en parlant plus fort, vous pourrez vous faire comprendre plus vite, mais ça ne se produit pas. Vous voulez avoir raison à tout prix. Vous savez exprimer vos sentiments lorsque vous voulez manipuler l’autre ou le séduire. Votre peur de vous faire avoir et votre difficulté à faire confiance aux autres vous empêchent aussi de vous dévoiler.
Lorsque votre blessure d’INJUSTICE est éveillée, votre ton devient sec et froid. Lorsque vous donnez de l’information, vous donnez des détails souvent inutiles pour être sûr de ne pas vous tromper. Vous êtes aussi porté à répéter deux ou trois fois pour vous assurer d’être compris. Vous vous dévoilez difficilement, car vous avez fermé votre capacité de sentir. Au lieu de parler de ce que vous ressentez, vous parlez de détails physiques.
Maintenant, regardons ensemble les difficultés de recevoir l’autre, c’est-à-dire d’écouter, lorsque nous ne sommes pas nous-même, c’est-à-dire lorsque notre ego prend le dessus et que nous nous retrouvons dans des peurs pour nous-même.
Lorsque votre blessure de REJET est activée, vous n’écoutez plus. Vous semblez écouter, mais vous fixez l’autre sans le voir ou l’entendre. Vous pouvez même finir par paniquer et marmonner quelque chose avant de prendre la fuite. Ou bien, si on vous parle d’un sujet qui vous semble menaçant, vous changez de sujet. Vous ne répondez pas vraiment à la question que l’on vous pose. Vous avez de la difficulté à regarder l’autre dans les yeux quand vous écoutez. Vous êtes souvent occupé à vous créer vos propres scénarios mentalement pendant que l’autre parle.
Quand votre blessure d’ABANDON se déclenche, vous êtes porté à couper la parole à l’autre et à ramener le sujet à vous. Vous aimez tellement parler des drames dans votre vie que votre capacité d’écoute devient très faible. Vous cherchez sans cesse l’attention des autres, vous voulez qu’ils vous parlent, mais ils n’ont pas l’occasion de parler longtemps.
Lorsque votre blessure d’HUMILIATION s’éveille, vous voulez tellement aider l’autre que vous essayez de minimiser ce qui leur arrive. Vous leur offrez de l’aide avant même qu’ils ne vous en demandent. Vous avez de la difficulté à laisser parler l’autre de ce qu’il ressent et à demeurer objectif. Si quelqu’un vous demande ce que vous vivez, au lieu de lui répondre, vous avez le don de retourner la conversation sur l’autre.
Quand votre blessure de TRAHISON est activée, vous coupez la parole rapidement, car vous sautez aux conclusions avant d’avoir laissé l’autre terminer. Vous croyez avoir tout compris alors que ce n’est pas le cas. Vous avez de la difficulté à terminer une communication, car vous voulez avoir le dernier mot à tout prix et surtout avoir raison. Au lieu d’écouter ce que l’autre a à dire, vous êtes plus occupé à le convaincre de votre façon de penser. Vous faites aussi la même chose avec une demande de quelqu’un d’autre si vous n’êtes pas d’accord. Vous aimez bien être la vedette au cours d’une conversation.
Lorsque votre blessure d’INJUSTICE se déclenche, vous êtes plus occupé à écouter si ce que l’autre dit est juste. Si vous vous rendez compte qu’il manque un détail, vous guettez le moment où vous pourrez interrompre pour l’ajouter ou pour vous informer sur ce qui manque. Vous avez la critique facile, ce qui vous fait écouter davantage ce qui se passe dans votre tête plutôt que d’écouter l’autre. Lorsque l’autre vous parle de ses sentiments, vous vous arrangez pour changer le sujet le plus possible en posant des questions sur des détails plus physiques.
Je vous suggère de réviser votre façon de transmettre et de recevoir autant dans votre vie professionnelle que votre vie personnelle.
Quelles blessures sont activées avec ces personnes ?
Rien ne vous empêche de vérifier avec elles pour comparer si elles vous voient de la même façon que vous.
Alors, si vous voulez avoir de meilleures relations dans votre vie, vous devez vous demander ce que vous devez faire une fois conscient qu’un changement s’impose dans votre façon de communiquer.
Après plusieurs années de recherches à ce sujet, je suis arrivée à la conclusion que toutes les formes de communication peuvent se concentrer en cinq catégories.
Elles peuvent vous aider autant dans votre façon de transmettre aux autres que dans votre façon de recevoir, d’écouter. L’idéal est d’apprendre à écouter les autres pour savoir bien différencier ce qu’ils vous communiquent. Sachant que l’écoute est tout aussi importante que la parole, vous savez que si vous apprenez à bien écouter, vous aurez comme résultat une bonne écoute des autres. Cette loi du retour est immuable dans tous les domaines. Cependant, il se peut que l’autre ait besoin de votre écoute, car il veut vous partager des choses difficiles qu’il vit dans le moment. Si vous ne vous sentez pas capable à ce moment-là de bien écouter, il est important d’informer l’autre de votre limite actuelle.
La première forme de communication est le PARTAGE. Lorsque l’autre vous partage quoi que ce soit, vous n’avez qu’à l’écouter. Vous n’avez pas à lui répondre s’il ne vous a pas demandé de questions. Par exemple, votre conjoint arrive à la maison en disant : « Ah! ce qu’il fait chaud aujourd’hui. » Vous n’avez pas à répondre qu’hier, il faisait plus chaud. Avez-vous remarqué ce que vous vivez lorsque vous partagez un incident qui vous est arrivé et que l’autre vous donne son avis « non demandé » ou commence avec plein de questions d’inquisition ou vous coupe la parole ou change de sujet ? Alors, si vous voulez être écouté lorsque vous partagez, apprenez à le faire avec les autres. Assurez-vous qu’il n’y ait aucune phrase avec un point d’interrogation avant de commencer à donner votre opinion ou à répondre : accueillir l’autre dans ce qu’il partage est suffisant.
Une deuxième forme de communication est lorsqu’il y a une DEMANDE D’AIDE VÉRITABLE. Elle peut être pour une faveur que l’autre vous demande ou pour un conseil. Quelle que soit la demande, il est fortement recommandé de poser au moins trois questions à l’autre pour s’assurer de ce qu’il veut véritablement avant d’acquiescer ou de refuser l’aide demandée. Il est très rare qu’une personne fasse sa demande d’une façon très claire et précise du premier coup. Très souvent, elle ne sait pas exactement quel est son problème. Ces questions de clarification sont non seulement profitables à la personne qui reçoit la demande, mais encore plus à la personne qui demande de l’aide.
Vous allez remarquer, en étant de plus en plus attentif à la communication, que la plupart du temps, vous allez recevoir une DEMANDE D’AIDE CACHÉE. Ce qui signifie que la personne vous demande de l’aide, mais il n’y a pas de question dans sa demande. Elle parle d’une situation problématique, on perçoit une demande d’aide, mais elle n’est pas précisée par la personne. Par exemple, quelqu’un vous dit : « Je n’en peux plus de vivre avec un conjoint qui est aussi indifférent avec moi. » Il ne sert à rien de commencer à lui donner des conseils, car vous ne savez même pas encore si cette personne veut votre avis. Elle veut peut-être seulement se plaindre et se faire prendre en pitié. Assurez-vous donc que, dans cette forme de communication, la personne veut votre aide. Ensuite, posez-lui quelques questions pour savoir quelle sorte d’aide elle attend de vous et vous serez donc en mesure de lui dire si vous pouvez l’aider ou non.
Souvenez-vous que n’importe qui peut demander de l’aide à une autre personne, mais que cette dernière n’est pas obligée de dire oui. Il se peut qu’elle ne soit pas en mesure d’aider à ce moment-là ou qu’elle ne sache pas comment le faire.
Une autre forme de communication est une QUESTION LÉGITIME c’est-à-dire une question d’information sur quelque chose ou un détail à ajouter. Vous n’avez qu’à répondre si vous connaissez la réponse. Vous n’avez pas besoin d’ajouter une quantité d’informations non demandées.
La dernière forme de communication et la plus difficile à gérer est lorsque vous percevez du DOUTE dans ce que l’autre vous dit, c‘est-à-dire que vous sentez que cette dernière doute de ce que vous venez de dire ou doute de vos capacités. Il est très facile alors de tomber dans le piège et de réagir fortement, par exemple : « Toi et tes idées, tu sais bien qu’elles ne m’ont jamais aidé! » Il est impératif de revenir avec une question comme « pourquoi me dis-tu quelque chose comme ça ? Veux-tu savoir autre chose ou veux-tu m’expliquer davantage ce que tu veux dire ? ». Il ne faut surtout pas essayer de convaincre l’autre en répétant ce que nous venons de dire ou ce que nous croyons. L’autre personne ne vous écoutera pas tant et aussi longtemps qu’elle sera en état de doute.
Plus vous apprendrez à bien écouter et à bien différencier les formes de communication, plus il vous sera facile de bien transmettre aux autres ce que vous avez à communiquer. De plus, la décision de bien transmettre et de recevoir sans peur vous aide à réduire l’importance de vos blessures dans votre vie. C’est vraiment un art, la bonne communication, et personne au monde ne devient excellent dans le monde artistique sans beaucoup de pratique, de patience et de persévérance. Alors, décidez dès maintenant à vous pratiquer. La première étape consiste à découvrir vos difficultés selon les blessures activées avec différentes personnes. Ensuite, soyez très alerte dans la forme de communication utilisée par les autres en écoutant attentivement.
De plus, je vous suggère de partager à vos proches votre intention de mieux communiquer et de vous laisser savoir dans les mois qui suivent s’ils ont remarqué un progrès.
Lise Bourbeau