Comment apprendre à un enfant d’un an la notion de responsabilité ?

Avant de répondre à cette question, voyons la définition de la notion de responsabilité selon l’enseignement de Lise Bourbeau. Selon l’Institut ESSAE-METC, co-fondée par Lise Bourbeau et Jean-Louis Raphaël Mersch : Être responsable c’est savoir que NOUS créons notre vie à chaque instant, selon nos choix, décisions, réactions et blessures non guéries. Ainsi, LES AUTRES créent aussi leur vie de la même façon.
Comment sait-on que nous sommes responsables ?
Lorsqu’on assume les conséquences de nos choix et de nos réactions ainsi que laisser les autres assumer les conséquences de leurs choix. Une fois ce postulat fait, maintenant, comment apprendre à un enfant d’un an la notion de responsabilité ?
Comment peut-on lui laisser assumer les conséquences de ses expériences ? En l’appliquant soi-même pour commencer. Je m’explique dans une mise en contexte.
Imaginons la scène…
Un enfant d’un an commence à vouloir marcher, il se met debout et tombe. Il est dans ses balbutiements de son autonomie physique, émotionnelle et mentale.
Deux manières fréquentes se présente, soit – réagir OU agir, prendre en charge OU accompagner …
Première situation :
L’adulte voit l’enfant tomber et se mettre à pleurer. Il se dirige vers lui, … l’encourage, lui dit : « Vas-y, t’es capable ! Arrête de pleurer, relève-toi ! ». Il l’aide à se remettre debout et force un peu avec lui. Certes, de très bonnes intentions, aider l’enfant et le remettre debout. Mais cette action, qui s’appelle en fait de la douce violence, ne respecte pas le rythme de l’enfant et ne lui permet pas de faire ses propres expériences et ainsi de développer les muscles de ses petites cuisses au même rythme que sa confiance. C’est un peu comme si nous voulions tirer sur une fleur pour qu’elle pousse plus vite.
La question à me poser si je me reconnais en cet instant … « Pourquoi j’agis ainsi ? » Pour l’enfant ou pour ma fierté personnelle ? Par peur de ne pas soutenir mon enfant ? Pour être reconnu comme un bon adulte (parent, éducateur ou autre) ? Par peur de ne pas être présent pour lui ? etc… Et là, je ne suis pas en train de vous dire de ne jamais relever vos enfants ! Nuançons.
Je le répète, l’intention est bonne mais le moyen utilisé pour développer la responsabilité…. est légèrement inefficace.
Deuxième situation :
L’adulte voit l’enfant tomber et se mettre à pleurer. Il se dirige vers lui,… l’accompagne verbalement et lui reflète ce qui vient de se passer. L’enfant d’un an n’a pas encore développé complètement sa faculté de raisonner. Il a besoin du support verbal de l’adulte, de ses mots afin de placer en lui ce qui vient de se passer. L’adulte, posé, s’approche de l’enfant. Il se met à sa hauteur, le regard dans les yeux, sourit et peut déposer une main chaleureuse sur ses épaules. Il pourra lui dire ceci : « Tu essayais de te lever et tu es tombé. Je vois dans ton visage que tu as été surpris, ça t’a fait de la peine. Je suis là avec toi. Tu es en sécurité. » Pas besoin d’ajouter de mots supplémentaires pour le moment. Seul un silence qui permettra à l’enfant de déposer ces mots en lui, de réaliser ce qui vient de se passer. À ce stade, l’enfant ne reçoit aucune demande de l’adulte. Il est seulement accueilli là où il est, par terre, dans son unicité, à son rythme. Il y a un espace qui permet à l’enfant de se sentir accueilli dans son être, se sentir soutenu et en sécurité. Un adulte bienveillant est là pour lui, un adulte veillant sur son bien. Il n’a aucune pression de se relever. Aucune pression de performance associée à « faire » quelque chose… dont se relever, marcher et courir tant qu’à y être. 
En général, quelques secondes après, l’enfant, selon ce qu’il est habitué de recevoir (se faire relever OU se faire accompagner), va soit tendre les mains avec un air apeuré, triste, cherchant le réconfort à tout prix OU il cherchera à se relever de lui-même avec un nouvel effort soutenu.
C’est dans l’ordre des choses, dans la nature des animaux (l’homme en fait partie), de se relever. Se relever est un instinct naturel qui assure la survie.
Dans la grande famille des animaux, se lever arrive généralement à la naissance. Le parent animal est là. Il peut émettre un son. Il ne lève pas son bébé, il le laisse faire. Il reste là avec lui.
Dans la grande famille des hommes, cela arrive généralement vers un an. Mais bien souvent, bien avant son un an, on pousse pour aller plus vite. Nous nous émerveillons de la vitesse. Comme si la vitesse était nécessaire. Nous ne sommes pas dans la savane ou dans la jungle. Pas de tigre à l’horizon qui vont manger le bébé s’il ne se lève pas aussi vite qu’on le voudrait. 
Que s’est-il passé de différents dans les deux cas ?
Première situation :
L’adulte, conditionné à ce que l’enfant se relève au plus vite, a voulu que son enfant se relève et a réagi en conséquence. C’est là qu’il importe d’aller voir notre niveau de responsabilité personnelle, de se poser des questions, d’émettre quelques hypothèses. Peut-être a-t-il eu peur pour son enfant, qu’il pleure, qu’il se soit fait mal. Peut-être se croit-il responsable de son bonheur et de son malheur et de ce fait, tente d’assumer les conséquences de l’enfant à sa place. Peut-être se valorise-t-il lui-même à travers les succès de son enfant et donc à l’inverse, de l’insuccès de son enfant. Combien de personnes se vantent que leur enfant a marché à 9 mois ? Combien de personnes s’inquiètent de voir leur enfant ne pas réussir « correctement » ou « suffisamment » dans les institutions scolaires actuelles ou l’inverse… affiche les succès de leur enfant comme si c’était les siens ? Comment d’adultes sont dévastés parce que leur enfant, rendu adolescent et même adulte, prend un autre chemin que celui prévu par ces derniers (drogue, alcool, métier non reconnu, non payant, vie marginale, etc.) ?
La réaction de cet adulte qui accompagne, n’est ni bien ni mal. Tout est ok et tout est expérience. La question n’est pas là. La question est : « qu’est-ce qui me motive à entrer ainsi dans l’espace de l’autre, à vouloir l’aider à tout prix, à me sentir responsable de lui, à vouloir le contrôler, à le critiquer, à penser à sa place, etc. ? ».
Deuxième situation :
Cet adulte a permis à l’enfant de se relever par lui-même. Il n’a rien fait. Il s’est simplement mis en disponibilité. Il a observé et verbalisé ce qu’il a vu. L’enfant n’était pas en danger, seulement surpris d’être tombé. Ce faisant, il permet à l’enfant de faire un choix et d’assumer les conséquences de son choix. Il a agi en guide, sans attente particulière. Le choix de l’enfant était : se relever maintenant ou ne pas se relever maintenant. Les conséquences dans les deux cas peuvent être agréables et désagréables. L’adulte pourra lui mentionner verbalement tout ceci, avec des mots simples, accessibles, bienveillants, non jugeant et non culpabilisant. En laissant ce choix à l’enfant, bien qu’il n’ait qu’un an. En verbalisant à nouveau, il permet à l’enfant de placer en lui ces informations, de les intégrer.
Dans le fait de se relever :
• Les conséquences agréables possibles sont que l’enfant pourra voir son environnement différemment, avec une autre perspective, qu’il développera sa confiance en relevant son défi, développera sa force musculaire, qu’il commencera à explorer d’une manière différente.
• Les conséquences désagréables possibles sont qu’il retombe, qu’il soit surpris à nouveau, qu’il doive recommencer à nouveau, fournir encore un effort. Il pourrait arriver qu’il se fasse mal en tombant.
Dans le fait de ne pas se relever :
• Les conséquences agréables possibles sont que l’enfant restera en sécurité au sol, qu’il ne retombe pas, qu’il ne soit pas surpris à nouveau, qu’il n’ait pas à recommencer, ni à fournir encore un effort. Il pourra à loisir jouer à même le sol et apprécier cet état tranquille.
• Les conséquences désagréables possibles sont qu’il ne pourra pas voir son environnement différemment, avec une autre perspective, qu’il ne développera pas sa confiance en relevant son défi, ni sa force musculaire, qu’il ne commencera pas à explorer d’une manière différente. Il ne fera pas face à sa peur de l’inconnu. Cela prendra plus de temps avant qu’il ne marche.
À ce stade, qu’importe ce que l’enfant décide, le choix lui appartient. Il va finir par se lever, il finira par marcher. Faire confiance que tout arrive en temps voulu, à son rythme. Plus l’enfant apprendra par l’expérience, par lui-même, et ce, à chaque stade d’âge et de développement, plus il en viendra à discerner ce qui est bon pour lui. L’enfant apprendra par l’expérience, tout en étant soutenu physiquement, affectivement et mentalement par un adulte bienveillant, un adulte veillant sur son bien. Plus l’enfant grandira dans la notion de responsabilité et dans le fait d’assumer les conséquences de ses choix, plus son discernement et son intelligence grandira en lui. Il pourra faire ainsi toutes les expériences qu’il veut, en sachant que lui seul en assumera les conséquences. Les gens, en général, veulent être heureux et ne désirent pas la souffrance. Il en va de même pour lui.
Dans les deux cas, que l’enfant se relève ou ne se relève pas, l’adulte pourra compléter en lui disant qu’il l’aime lui parce qu’il est lui, en ajoutant son prénom, quoi qu’il décide, quoi qu’il fasse. Il lui donnera le droit d’être, sans avoir besoin de faire quoi que ce soit, sans avoir besoin de faire plaisir pour être aimé, sans avoir besoin de se conformer à une exigence ou croyance quelconque.
Ceci permet de développer l’autonomie chez l’enfant, permet de développer le discernement et l’intelligence. Ceci permet de développer l’amour inconditionnel et la responsabilité entière de sa vie. Un premier pas pour cet enfant et un grand pas pour notre humanité !
La notion de responsabilité s’applique à tous les âges et à tous les domaines de notre vie. Plus tôt elle est pratiquée, plus tôt elle a un impact positif dans nos vies.
Pour toute information complémentaire concernant la notion de responsabilité, l’Institut ESSAE vous invite à vous référer à la formation Prévenir le burnout et retrouver l’envie de travailler. Nous traitons entre autre de la notion de responsabilité, d’engagement et de désengagement ainsi que la prévention du burnout. Plus une personne se sait entièrement responsable de son bonheur, de son monde intérieur, plus elle s’occupera d’elle et plus elle préviendra le burnout.
Nathalie Bégin
Formatrice METC-ESSAE

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